Julius Evola, Révolte contre le monde moderne (notes de lecture)
Les Editions de l’Homme, Ottawa, 1972.
Introduction
Parler du « déclin de l’Occident », du « danger du matérialisme », de la « crise de la civilisation » est devenu, depuis quelque temps, un lieu commun. Ces manifestations montrent qu’on sent remuer des terres que l’on croyait solides et que les perspectives idylliques de l’« évolutionnisme » ont désormais fait leur temps.
Rien n'apparaît plus absurde que cette idée de progrès qui, avec son corollaire de la supériorité de la civilisation moderne, s'était déjà créé des alibis «positifs »en falsifiant l'histoire, en insinuant dans les esprits des mythes délétères, en proclamant sa souveraineté dans ces carrefours de l'idéologie plébéienne dont, en dernière analyse, elle est issue. Il faut être descendu bien bas pour en être arrivé à célébrer l'apothéose de la sagesse cadavérique, seul terme applicable à une sagesse qui, dans l'homme moderne, qui est le dernier homme, ne voit pas le vieil homme, le décrépit, le vaincu, l'homme crépusculaire, mais glorifie, au contraire, en lui le dominateur, le justificateur, le vraiment vivant. Il faut, en tout cas, que les modernes aient atteint un bien étrange état d'aveuglement pour avoir sérieusement pensé pouvoir tout jauger à leur aune et considérer leur civilisation comme une civilisation privilégiée, en fonction de laquelle était quasiment préordonnée, l'histoire du monde et en dehors de laquelle on ne pourrait trouver qu'obscurité, barbarie et superstition.
Les premières altérations caractéristiques à l’époque moderne surviennent entre le VIIIe et le VIe siècle av. J.C. Il convient de faire coïncider le début des temps modernes avec ce que l’on appelle les temps historiques.
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