07 septembre 2016

François Chénique, Eléments de logique classique (note de lectura) - I

Première édition: Dunod-Bordas, 1975. Edition consultée: L’Harmattan, 2006.

Introduction: Faut-il étudier la logique classique?
La logique est simplement l’art de bien penser, de bien juger et de bien raisonner.
Les langages naturels utilisent une certaine logique naturelle. La logique classique est une réflexion systématique de la logique naturelle.
Pendant plus de vingt sièvles, la logique classique a été l’instrument de toute science, la propédeutique de tout savoir.

Première partie. Histoire de la logique classique
La logique classique est rattachée à Aristote, dont le Moyen Age a reçu l’enseignement par l’intermédiaire des commentateurs arabes.
L’Antiquité grecque a produit aussi la logique stoïcienne.
L’Inde classique a construit une logique très originale.


Chapitre I. La logique grecque
La philosophie est une invention grecque, née au Vie siècle avant Jésus Christ, qui n’a pas été assimilée par les cultures orientales. Réciproquement, la pensée philosophique issue de l’héritage grecque n’a pas pu traduire l’acquis des pensées orientales.

Section 1. Les philosophes présocratiques
1. Les Anciens Ioniens
Les sages de cette période se sont occupés de cosmogonie. Ils ont recherché le principe capable d’expliquer la nature profonde des choses.
Pour Thalès de Milet, le principe fondamental est l’eau. Pour Anaximène – l’air. Pour Xénophane – la terre.
Anaximandre explique le monde par l’infini (apeiron).

2. Pythagore et les mathématiques
Pythagore n’a laisse aucune œuvre écrite. Il enseignait que « Tout est nombre ». Il a établi dix catégories pour expliquer l’univers: le limité et l’illimité, l’impur et le pur, le masculin et le féminin, le bon et le mauvais, le carré et le rectangle.
Problème: Comment se fait-il qu’une chose devienne une autre chose? (mutation, transformation, mouvement)
Héraclite: « Tout s’écoule » (panta rhei). Chaque chose devient sont contraire.

3. L’école d’Eléa
Xénophane, le fondateur de l’école philosophique: il n’y a qu’un seul Dieu, « Dieu rond », omniprésent, immuable et capable de tout percevoir.
Parménide: la pensée correcte identifiée à l’Etre. Il enseigne que l’Etre vrai ne peut être qu’un, continu et immobile. L’Etre est nécessairement unique, car un second être distinct du premier devrait posséder quelque caractère dont manquerait le premier.
Zénon d’Elée – l’argument contre la multiplicité et la mutabilité des choses: si le mouvement existe, Achille ne pourra jamais rattraper la tortue qui le précède d’un pas, car chaque fois qu’Achille franchit ce pas, la tortue avance d’un nouvel intervalle et ainsi jusqu’à l’infini.

4. Les nouveaux Ioniens
Empédocle d’Agrigente enseigne que le monde est né et se maintient par l’action opposée de deux principes: amour et haine.
Leucippe et Démocrite créèrent l’atomisme.
Anaxagore: les particules qui constituent le monde sont homogènes.

Section 2. La philosophie à Athènes (Ve et IVe siècles)
Les sophistes pratiquaient la dialectique pour elle-même et soutenaient indifféremment le vrai ou le faux avec n’importe quels arguments, soit par jeu, soit par intérêt. Résultat: scepticisme radical et pragmatisme sans doctrine.

1. Socrate (470 – 399)
 Il a pratiqué la maïeutique – art dialectique qui consiste a faire naître la vérité au moyen de questions et de réponses.
Il a orienté la philosophie vers les essences et l’universel.

2. Platon (428 – 347)
Le point central de la doctrine platonicienne est la théorie des Idées.
Les Idées sont des réalités simples, éternelles, immuables, qui n’appartiennent qu’au monde intelligible. On les appelle aussi: Formes, Causes, Exemplaires.
Exemples d’idées: la Beauté, la Bonté, la Grandeur, la Petitesse, l’Egalité etc.
On ne peut atteindre les Idées que par la dialectique – un art raisonné du dialogue, qui met en évidence la réalité une par-delà les apparences multiples, le modèle intelligible, au-delà des exemples sensibles. Pour Platon, la dialectique est un instrument de réalisation spirituelle, la science suprême, qui marque le passage de la dianoia (intelligence discursive) au nous (intelligence intuitive).

3. Aristote (385-322)
Les trois points fondamentaux de sa doctrine sont:
a) la théorie du concept – pour Platon, les Idées existent en soi dans le monde intelligible, alors que pour Aristote les concepts ne doivent pas être séparés des choses sensibles;
b) la matière et la forme;
c) la puissance et l’acte.
Le Moteur premier est immobile, il meut sans être mû, sous son influence se font tous les passages de la puissance à l’acte.
Les ouvrages logiques d’Aristote sont réunis sous le nom d’Organon.
La logique est l’art d’exprimer les catégories de l’Etre par les catégories de la pensée.
Si la logique a pour objet le vrai grâce aux conclusions qui découlent des prémisses par l’intermédiaire du syllogisme, la dialectique n’a pour objet que le vraisemblable, ce qui arrive le plus souvent, et elle aboutit à l’opinion. Tout de même, la dialectique aide à découvrir les principes communs à toutes les sciences (axiomes), et surtout le principe de non-contradiction.

4. La logique stoïcienne
Fondateurs: Zénon de Citium, Cléanthe et Chrysippe. Créateurs de système.
La philosophie est un verger dont la logique est le mur, la physique les arbres, la morale les fruits.
La dialectique est la science du vrai et du faux et de ni de l’un ni de l’autre.
La logique a pour objet propre les raisonnements.

Section 3. La fin de l’Antiquité
La philosophie grecque apporte au christianisme:
a) existence d’un Dieu unique;
b) immortalité de l’âme;
c) béatitude de l’autre vie.
Le conflit est total sur les points:
a) création ex nihilo;
b) non-éternité du monde;
c) transcendence divine;
d) incarnation.

1. Les philosophes païens
La principale école non-chrétienne est celle du néo-platonisme.
Philon le Juif a montré qu’il n’y a pas de contradiction entre la Bible et l’hellénisme.
Plotin enseigne que la Divinité se réalise en trois hyposthases qui sont l’Un, l’Intellect et l’Ame. L’Un est le principe suprême au-delà de toute essence et de tout être, et d’où découlent, comme d’une source profonde, les divers degrés de l’existence. L’Intellecte ou Verbe procède de l’Un et, par rapport au principe, il constitue le monde des Idées ou monde intelligible qui contient déjà une sorte de multiplicité. De l’Intellect procède l’Ame du monde qui est davantage tournée vers la matière et qui y répand une certaine similitude des principes premiers.

2. La philosophie des Pères de l’Eglise
Les Pères de l’Eglise doivent beaucoup à la philosophie grecque (Platon, Philon et Plotin).
Saint Augustin: philosophe de métier qui s’est converti du manichéisme au christianisme. La doctrine de l’illumination.
Saint Denys l’Aréopagite développe une théologie négative, orthodoxe, imprégnée de néo-platonisme. Un trait d’union très précieux et presque unique entre l’Orient et l’Occident.
Boèce, le premier des scolastiques: les commentaires de l’Organon.

Capitolul II. Logica hindusă
Le Nyaya (logica) fait partie des six darçanas classiques (points de vue) de l’hindouisme.

Section 1. Les darçanas
1. Notion
Les darçanas sont des points de vue et marquent les différents aspects sous lequels une même et unique doctrine peut être considérées. Il ne faut pas les assimiler aux systèmes philosophiques de l’Occident. Ils se complètent et reflètent une doctrine unique, celle du Veda.

2. Les six Darçanas
Nyaya, Vaiçesika, Samkhya, Yoga, Mimamsa et Vedanta. Les deux premiers sont analytiques, les quatre derniers sont synthétiques. Les deux dernières sont directement des interprétations du Veda.
Le Nyaya s’attache aux démarches rationnelles de l’esprit humain.
Le Vaiçesika analyse les choses sous le mode individuel et séparé.
Le Samkhya énumère les éléments constitutifs du monde spirituel et matériel à partir des relations de Purusa et du Prakriti de la manifestation universelle.
Le Yoga utilise les mêmes éléments pour atteindre la maîtrise du corps et des états psychiques, et libérer Purusa des activités de Prakriti.
Le Mimamsa (réflexion profonde) s’efforce de déterminer le sens exact de la Çruti (l’Ecriture Inspirée) pour en dégager les conséquences d’ordre pratique et d’ordre intellectuel.
Le Vedanta est le domaine de la métaphysique pure et la conclusion ultime du Veda.

3. La transmission des Darçanas
Enseignement écrit sous la forme de textes extrêmement condensés (sutras – aphorismes, et karika – vers mnémoniques).

4. Les six Vedanga
Les sciences auxiliaires de l’Ecriture (Çruti) qui font partie de la Tradition (Smriti):
1) Çiksa – la science de la prononciation exacte;
2) Chandas – la science de la prosodie;
3) Vyakarana – la grammaire;
4) Nirukta – l’explication des termes difficiles, appuyée souvent sur la valeur symbolique des lettres et des syllabes;
5) Jyotisa – l’astrologie et l’astronomie;
6) Kalpe – science des rites.

5. Les Upaveda
Connaissances d’ordre moins élevé:
a) Ayur-Veda – la médecine;
b)  Dhanur-Veda – la science militaire;
c) Gandharva-Veda – la musique;
d) Sthapatya-Veda – architecture et mécanique.

6. Les Ganita
Les mathématiques:
a) Pati-ganita – l’arithmétique;
b) Bija-ganita – l’algèbre;
c) Rekha-ganita – géométrie.

7. Actualité des Darçanas
La connaissance qu’ils procurent est salvatrice, car elle permet au sage de s’élever au-dessus  de la conscience commune et d’obtenir la délivrance de la chaîne sans fin des actions et des réacţions concordantes.

Secţion 2. La Nyaya
1. Définition et origines
Nyaya – méthode, règle.
Le raisonnement de la logique hindoue est une espèce de syllogisme en cinq parties.
Nyaya est un instrument de salut spirituel, car l’hindouisme enseigne que la délivrance s’obtient par la connaissance correcte.

2. Les Nyayasutra
Le texte fondamental de Nyaya.

3. Les seize Padartha
Les seize éléments des opérations de l’intelligence (topiques de la dialectique)
- les moyens de connaissance ou de jugement (pranama);
- les objets de jugement (prameya);
- le doute (samçaya);
- le motif (prayojana);
- l’exemple (drstanta);
- la thèse définitive (siddhanta);
- les membres du syllogisme (avayava);
- l’argumentation (tarka);
- la conclusion (nirnaya);
- l’objection (vada);
- la controverse (jalpa);
- la chicane (vitanda);
- les sophismes (hetvabhasa);
- la tromperie (chala);
- les futilités (jati);
- les absurdités (nigrahasthana).

4. Les Pramana
Les moyens de connaissance sont aussi des moyens de jugement, car ils permettent de s’informer, d’apprecier et de décider:
a) la connaissance directe (pratyaksa) – naît du contact de sens et de leurs objets;
b) l’inférence (anumana):
- l’inférence a priori (purvavat) qui va de la cause à l’effet et prévoit l’effet d’après la cause;
- l’inférence a posteriori (çesavat) qui remonte de l’effet à la cause;
- l’inférence par analogie (samanyato drsta), c’est une induction, un passage du particulier au général.
c) la comparaison (upamana) – rapporter un objet inconnu à une classe d’objets connus, en constatant les traits que ces objets ont en commun avec l’objet inconnu;
d) l’autorité ou témoignage (çabda).

5. Les Prameya
Les objets de jugement:
- l’âme ou l’esprit (atman);
- le corps (çarira);
- les facultés sensorielles ou d’action (indriya);
- les objets de facultés (artha);
- la conscience (buddhi);
- l’esprit ou mental (manas);
- l’activité (pravrtti);
- les fautes (dosa);
- la survie après le trépas (pretyabhava);
- le fruit des actions (phala);
- le malheur (duhkha);
- la délivrance (apavarga).

6. Les raisonnements aux « cinq membres »
Les cinq membres du raisonnement hindou sont:
- la proposition (pratijna);
- la raison (hetu);
- la déclaration à l’appui (udaharana);
- l’application (upanaya);
- le résultat (nigamana).
Tandis que le syllogisme grec porte sur concepts ou notions des choses, l’argument hindou porte plus directement sur les choses elles-mêmes. Il en est ainsi l’instrument privilégié d’une connaissance beaucoup plus « réaliste » que ce que l’Occident qualifie de tel.

Section 3. Le Vaiçesika
Signifie « discernement » ou « ce qui exclut le reste ».
Vaiçesika délimite les éléments de la nature et an décrit les particularités, c’est donc une cosmologie.
Le Vaiçesika est « atomiste » et « réaliste ».

1. Les catégories (Padartha)
- la substance (dravya);
- la propriété (guna);
- l’activité (karma);
- le substrat générique (samanya);
- le discriminatif (viçesa);
- l’inhérence (samavaya).
- la non-existence (abhava).

2. Les substances
- la terre (prthvi);
- les eaux (apas);
- le feu (tejas);
- le vent (vayu);
- l’ether (akaça);
- le temps (kala);
- l’espace (diç);
- l’esprit (atman);
- le mental (manas).

3. Les propriétés
- la forme ou la couleur (rupa);
- le goût (rasa);
- l’odeur (gandha);
- le toucher (sparça);
- le nombre (samkhya);
- la dimension (parimana);
- l’individualité (prthaktva);
- l’union et la séparation (samyoga – vibhagau);
- l’éloignement et la proximité (paratvaparatve);
- les perceptions (buddhayah);
- le plaisir et la peine (sukhadukhe);
- le désir et l’aversion (icchadvesau);
- les efforts (prayatna);
- la gravité (gurutva);
- la fluidité (dravatva);
- la viscosité (sneha);
- le son (çabda);
- l’ordre ou la vertu (dharma);
- le désordre ou le vice (adharma);
- les facultés psychiques (samskara).

4. Remarques
Ce qui oppose Vaiçesika et Nyaya aux autres darçana est la théorie de la « non-réalité de l’effet dans la cause ». Selon elle, il est inadmissible que la même réalité soit imputée à une cause constituée et à un effet qui n’est pas encore produit.

5. Conclusions
« Dans l’état actuel des choses, il serait téméraire d’affirmer que la logique hindoue a pu influencer celle d’Aristote; mais ce qu’il faut abandonner, c’est l’idée que la lumière a pris naissance en Grèce et que de là elle s’est répandue sur le monde entier. » (p. 32)

Chapitre III. La logique du Moyen Age au XIXe siècle
Les écrits d’Aristote sont traduits en latin, d’abord des textes arabes. Un certains nombres de commentateurs anciens sont traduits aussi, surtout Avicenne et Averroès.

Section unique. La logique du Moyen Age au XIXe siècle
1. Saint Thomas d’Aquin et la logique scolastique
Thomas d’Aquin (Docteur angélique) a mené à son terme l’assimilation d’Aristote par le christianisme. Il a longuement commenté Aristote.
Il a fait de la logique une propédeutique à la science et à la métaphysique.
Aristote devient le Maître par excellence, et le restera jusqu’à Descartes.
Saint Bonaventure (Docteur séraphique) – continue le courant philosophique issu de Platon et de Saint Augustin. Il professe l’exemplarisme.
Roger Bacon (Docteur admirable).
Jean Duns Scot (Docteur subtil).
Le Bienheureux Raymond Lulle.
Guillaume Occam, théologien anglais.

2. Un précurseur de la logique moderne: le Bienheureux Raymond Lulle
Le désir qu’il avait de convertir les Maures lui fit écrire l’Ars Magna et Ars Universalis, dans l’intention de rendre évidentes aux infidèles les vérités de la foi chrétienne.

3. La réaction contre Aristote
Le XVIe siècle est une négation du Moyen Age.
Francis Bacon propose les règles de la méthode expérimentale et conçoit une logique inductive étrangère à l’esprit d’Aristote.
Le plus violent combat contre Aristote est mené par René Descartes. Il élimine la notion de qualité au profit de celle de quantité. L’étendue devient en quelque sorte l’essence de la matière.  Il emprunte aux géomètres les trois règles suivantes: l’analyse, la synthèse et l’énumération.

4. Leibniz et la « Caractéristique universelle »
Il se demandait si l’on ne pourrait trouver des signes applicables, non seulement aux grandeurs les plus générales, mais également à toute espèce de choses.
Il s’est efforcé de mettre au point une « algèbre de la pensée », qui aurait entraîné la découverte mécanique de la vérité.

5. Kant et la logique transcendantale
La logique transcendantale étudie les concepts auxquels l’entendement humain est lié a priori. C’est l’étude de la forme de la connaissance.
Sa logique et sa dialectique transcendantales concernent l’épistémologie, et non pas la logique proprement dite.

6. Hegel et la logique dialectique
Sa méthode dialectique comporte trois étapes:
a) la thèse – l’aspect rationnel du concept;
b) l’antithèse – le concept se nie lui-même par sa contradictoire;
c) la synthèse – l’union dans une unité supérieure qui dépasse à la fois la thèse et l’antithèse.

7. Les logiciens anglais du XIXe siècle
William Hamilton: « La logique est la science des lois de la pensée en tant que pensée. »
John Stuart Mill nomme sa logique, logique de la vérité, par opposition à l’ancienne logique qu’il appelait logique de la conséquence.
George Boole réalise la première forme mathématique de la logique.

Chapitre IV. Définition et division de la logique
Section 1. Définition et objet formel de la logique
1. Définition de la logique
Aristote: « La logique est l’art qui dirige l’acte même de la raison et nous fait procéder en cet acte avec ordre, facilement et sans erreur. »

2. La logique est un art et une science
L’art est une connaissance pratique ou opérative qui règle l’activité extérieure de l’homme.
La logique est un art parce qu’elle dirige les opérations de la raison vers une action efficace – la confection de raisonnements corrects.
La science est la connaissance désintéressée ou spéculative par les causes.
La logique est une science car elle explique par les causes.

3. Objet matériel et objet formel
L’objet matériel d’une science est tout ce dont s’occupe cette science, même si d’autres disciplines le font déjà à des points de vue différents.
L’objet formel d’une science est l’aspect spécial ou point de vue particulier sous lequel l’objet matériel est considéré par cette science.

4. Intentions premières et intentions secondes
Si je vois un homme qui se nomme Pierre et si je dis: « J’ai vu un homme », la connaissance immédiate que j’ai de l’homme par cette vision, est appelée intention première.
Si nous examinons l’intention première, nous pouvons ajouter un grand nombre de choses à ce sujet: universel, substance, prédicat, sujet, jugement. Les intentions secondes sont des pensées acquises quand l’intelligence réfléchit sur sa connaissance première.

5. Etre réel et être de raison
L’être réel est celui qui existe indépendamment de l’esprit qui le pense.
L’être de raison est celui qui ne peut pas exister indépendamment de l’esprit qui le conçoit et lui donne sa qualité d’être.
Les êtres de raison fondé dans la réalité: les négations, les privations et les relations.
Les êtres de raison sans fondement dans la réalité: les chimères.
Les êtres de raison relatifs: le genre, l’espèce, le prédicat, le sujet.

6. Objet formel de la logique
L’objet formel de la logique est l’être de raison logique ou les intentions secondes.
L’être de raison logique est un être de raison relatif.
La logique est la science des intentions secondes par lesquelles la raison se dirige dans son acte propre.

Section 2. La logique et les autres sciences
1. Logique et psychologie
L’objet matériel de la logique est beaucoup plus restreint, puisqu’il comprend seulement les opérations de l’esprit.
L’objet formel n’est pas le même: la psychologie étudie l’activité du sujet pensant dans l’exercice de la pensée, la logique cherche comment utiliser les opérations de l’esprit pour atteindre la vérité.

2. Logique et métaphysique
La métaphysique est intéressée par le concept objectif, en tant qu’il contient une réalité pozitive.
La logique considère l’ordonnancement des concepts par l’esprit.
L’objet matériel de la métaphysique et celui de la logique est le même.
L’objet formel est différent: la métaphysique étudie l’être dans ce qu’il est en lui-même, avec les propriétés réelles qu’il a dans les objets concrets.
La logique considère cet être en tant qu’il est pensé par nous, avec les attributs qui lui appartiennent en raison du mode d’existence abstrait dont il jouit dans notre esprit.

Section 3. Division de la logique
1. Les trois opérations de l’esprit
La logique s’intéresse au raisonnement, puisque celui-ci permet de progresser vers la vérité. Un raisonnement est composé de phrases nommées « jugements », qui s’enchaînent dans un certain ordre, et chaque jugement est composé de « termes » qui résultent de la « simple appréhension » des objets.
Division:
- la logique de la simple appréhension;
- la logique du jugement;
- la logique du raisonnement.

2. Logique matérielle et logique formelle
Syllogisme:
Tout être qui se dirige par la raison est libre.
Or, l’homme se dirige par la raison.
Donc, l’homme est libre.
a) Conditions formelles: le syllogisme doit être valable – la composition des propositions et leur enchaînement doivent être tels qu’on soit certain de passer sans erreur des deux premières propositions à la conclusion du raisonnement.

b) Conditions matérielles: chaque proposition doit être vraie, sinon on peut obtenir n’importe quoi de prémisses fausses.