26 septembre 2005

Article „Image et mythe” dans le Dictionnaire des mythes littéraires, sous la direction de Pierre Brunel, (note de lectura)

Théon d’Alexandrie donne une définition du mythe: „le mythe est un discours mensonger qui exprime la vérité en images” (logos pseudès eikonizôn alêtheian – Progymnasmata, III).
Platon oposait mythos (mensonge) à logos (exprimation du vrai).
L’image (eidolon) est inférieure à l’Idée platonicienne.
Pour Platon toute histoire imagée est un faux.
Pour Plotin l’image et le mythe sont indissolublement liées par leur identité de statut: l’un et l’autre appartiennent à l’ordre du sensible, mais renvoient à l’intelligible dont ils procèdent.
Conception du mythe comme allégorie.
Globalement, l’Antiquité considérait les images mythiques comme des idoles. Elles se nomment aussi icônes, et deviennent symboles controversés dans la tradition chrétienne byzantine.
L’opinion jusqu’au IVe siècle après Jésus-Christ était que la statue représentant un dieu et était elle-même douée d’âme.
Le motif de la ressemblance, qui unit l’image au modèle, est fondamental.
„Les exégètes s’accordent à remarquer que l’invention des mythes est liée à la représentation anthropomorphique des dieux – que les rites archaïques n’individualisaient pas et symbolisaient seulement par des arbres ou des pierres levées -, tandis que la religion hébraïque se distingue des autres par l’absence d’images.” (p. 788)
Plotin définit l’image comme „un miroir capable de saisir l’apparence de son modèle” (Ennéades, IV, 3, 11)
Le problème fondamental de mimésis (ressemblance).
Le poète est un fabricant d’images comme le sculpteur ou le peintre d’idoles.

Peinture et poésie
Très tôt les peintres ont choisi pour modèles les descriptions des poètes, associées à des „tableaux”. „L’énoncé littéraire étant généralement considéré comme l’origine des mythes, l’image est censée reproduire dans l’ordre du visible «l’idée» exprimée par les poètes, dans les récits fondateurs d’Homère et d’Hésiode puis de Virgile, mais aussi dans les gloses successives que constituent les textes de l’Antiquité tardive et du Moyen Age.” (p. 789)
En 1766 Lessing dans Laocoon établit une distinction fondamentale entre les deux arts en prenant en considération le rapport avec le temps. Comme ça la poésie est narrative (fondée sur l’action et le mouvement) pendant que la peinture est statique, se situe dans l’instant, même si cet instant équivaut à une éternité.

La philosophie des images
La peinture comme langage figuré a été comparé au hiéroglyphe égyptien et au pictograme précolombien.
La science emblématique, qui fait autorité jusqu’au XVIIIe siècle, se constitue à partir de trois dictionnaires de figures:
? Les Hieroglyphiques, Horapollo, 1505;
? Les Emblèmes, Alciati, 1531;
? L’Iconographie, Ripa, 1593.
„Cette perception du mythe à travers l’image est littéralement réductrice: elle est issue d’une substitution qui condense la représentation individualisée et dramatisée qui était celle de la fable narrative, pour la codifier en une représentation «morale», plus abstraite et plus générale (plus «éternelle», pour reprendre les termes de Lessing) qui repose sur l’analyse des mythes dont la narrativité n’est plus que référentielle. Les allégories qui prennent la place des dieux depuis les moralisations médiévales, sont toutefois dans une large mesure la schématisation iconographique des attributs des dieux, en même temps que leur exégèse.” (p. 792)

La peinture comme mythe
„L’image étant considérée comme miroir de la vérité, l’art de fabriquer des images se trouve singulièrement valorisé à partir de la Renaissance, que cet art d’ailleurs se nomme Peinture ou Poésie. L’art est d’abord assimilé à la Création pour fonder ce que Curtius nomme la «conception théocentrique de l’art», qui ne va pas sans une certaine divinisation du peintre lui-même en tant qu’interprète et double du Deus Pictor. Dès lors que la Nature entière est un livre enluminé, écrit en lettres hiéroglyphiques, l’art dans sa fonction mimétique ne fait que célébrer en le reproduisant l’acte créateur.” (p. 793)
Leon Batista Alberti voit - Della Pittura (1436) – dans la peinture l’expression du divin, et fait de Narciss son inventeur.

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