07 juillet 2020

Frithjof Schuon, L’Esotérisme comme principe et comme voie (note de lectura)

Introduction

L’ésotérisme est Sophia perennis.

Seules les thèses ésotériques peuvent satisfaire les impérieux besoins de causalité que suscitent les positions philosophiques et scientifiques du monde moderne.

La notion d’ésotérisme évoque la totalité de la vérité et les droits imprescriptibles de l’intelligence, toujours dans le climat d’un rapport humain, donc vécu, avec le Ciel.

L’histoire d’une religion est toujours l’histoire d’une lutte entre un don divin et un refus de l’accepter.

 

Comprendre l’ésotérisme

La prérogative de l’état humain, c’est l’objectivité, dont le contenu essentiel est l’Absolu.

La raison d’être de l’ésotérisme est l’objectivité pure et directe.

Par « objectivité » il faut comprendre une adéquation parfaite du sujet connaissant à l’objet connu.

La foi équivaut à une connaissance cardiaque objéctive.

Il n’y a rien dans le macrocosme qui ne dérive du métacosme et qui ne se retrouve dans le microcosme.

La connaissance directe et intérieure est celle que les Grecs appélaient la gnose.

Le mot ésotérisme désigne la gnose en tant qu’elle est sous-jacente à des doctrines religieuses, donc dogmatiques.

L’homme déchu, donc l’homme moyen, est comme empoisonné par l’élément passionnel. Il en résulte une obscuration de l’Intellect et la nécessité d’une Révélation venant de l’extérieur.

La Réalité universelle comporte des degrés, en vertu d’un élément d’illusion qui les détermine de différentes manières.

L’exotérisme est l’Absolu réfléchi dans le miroir limitatif et diversifiant de Maya.

La perspective théologique se caractérise extrinsèquement par son souci de défendre des intérêts conceptuels et moraux, alors que la pure métaphysique rend compte de la nature des choses tout en étant consciente des aspects et des points de vue.

Deux obscurations de la perspective ésotérique: l’idolâtrie et le panthéisme (issus de l’idée d’immanence aux dépens de la transcendance).

Qui veut faire usage de son intelligence sans risque de se tromper doit posséder la vertu d’humilité.

Ce qui dans chaque religion fournit la clef pour l’ésotérisme total ou non-dualiste, c’est l’idée-force de la religion. La gnose se fonde sur l’amour de la théophanie à la fois divine et humaine dans le Christianisme, et amour du Principe à la fois transcendant et immanent dans l’Islam.

L’ésotérisme, d’une part prolonge l’exotérisme, parce que la forme exprime l’essence et que sous ce rapport les deux sont solidaires, mais d’autre part s’y oppose, parce que l’essence par son illimitation est forcément irréductible à la forme. Les deux aspects se mélangent le plus souvent.

Ce n’est pas nous qui connaissons Dieu, c’est Dieu qui se connaît en nous.

Le message religieux général parle à la volonté et à l’homme passionnel, la doctrine métaphysique parle à l’intelligence et à l’homme contemplatif.

L’homme spirituellement réalisé peut voir Dieu dans les choses, et aussi les prototypes principiels des choses en Dieu.

La raison de la subjectivité humaine: être, dans la relativité, un miroir de l’Absolu, en même temps qu’un prolongement de la Subjectivité divine.

La science ésotérique de la relativité des formes religieuses est d’un ordre plus contingent que la doctrine fondamentale de chacune de ces formes, sans parler de leur essence qui coïncide avec le principe même de l’ésotérisme.

L’exotérisme met la forme (le crédo) au-dessus de l’essence (la Vérité universelle) et n’acceptent celle-ci qu’en fonction de celle-là. La forme, par son origine divine, est ici le critère de l’essence.

Il y a deux sources de certitude: extérieure (la Révélation) et intérieure (l’Intellection). Le sentimentalisme usurpe la Révélation, le rationalisme usurle l’Intellection.

Le jnânâ part de l’idée que l’homme est libre de son destin; pour ceux qui désirent se sauver, il y a les mystères et les initiations; la foule des profanes suit son chemin.

La bhakti devenue religion, au contraire, a ceci de particulier qu’elle entend forcer les hommes à se sauver, ce qui a l’avantage de transfermer certaines natures et le désavantage de créer étroitesse d’esprit et le fanatisme.

 

Le mystère du voile

Le voile cosmique et métacosmique est un mystère parce qu’il relève des profondeurs de la Nature divine.

La notion hindoue de Maya coïncide avec le symbolisme islamic du Hijab.

Le Voile est un mystère parce que la Relativité en est un.

Véhiculer l’Absolu, tout en le voilant, est la raison d’être du Relatif.

Dans l’Etre – l’Ishwara des védantins – l’Absolu donne lieu au pôle déterminatif et pour ainsi dire masculin ou paternel de l’Etre, Purusha, tandis que l’Infinité se reflète comme le pôle à la fois réceptif et productif et pour ainsi dire maternel de l’Etre, Prakriti. La nouvelle Hypostase qui en résulte, au sommet ou au centre même de l’Existence, donc en-deçà de l’Etre et dans la création, est l’Intellect universel, Buddhi.

En exotérisme, n’est vrai que ce qui stimule la piété, non ce qui risque de la troubler.

Les voiles divins sont, dans notre cosmos, les catégories existentielles: l’espace, le temps, la forme, le nombre, la matière; puis les créatures avec leur faculté, et aussi, sur un tout autre plan, les révélations avec leurs vérités et leurs limites.

Les voiles humains sont: d’abord l’homme lui-même, l’égo, l’égo passionnel, les passions, les vices, les péchés, sans oublier les concepts et les pensées en tant que vêtements de la vérité.

Maya possède un caractère d’ambiguïté du fait qu’elle voile et dévoile et que, au point de vue de son dynamisme, elle éloigne de Dieu parce qu’elle crée, tout en rapprochant de Dieu parce qu’elle libère.

Pour les uns, l’Avatara est le Dieu « descendu »; pour les autres, il est une « ouverture » qui permet de voir le Dieu immuablement « en haut ».

 

Nombres hypostatiques et cosmiques

On peut représenter la Réalité absolue, ou l’Essence, ou le Sur-Etre, par le point.

L’archétype divin de tous les ternaires positifs est la trinité védantine Sat, Chit, Ananda (Etre, Esprit, Félicité).

Le ternaire des éléments constitutifs du microcosme: corpus, anima, spiritus (ou soma, psyché, pneuma).

Le ternaire védantin des qualités cosmiques: tamas, râjas, sattwa.

 

L’Arbre Primordial

L’arbre-symbole est le centre universel qui offre les fruits de diverses possibilités.

Le serpent représente, selon son symbolisme négatif, le mode luciférien et ténébreux de la tendance démiurgique. Il devait se trouver dans le Paradis primordial à titre de virtualité du mal.

L’homme ne peut être libre qu’en Dieu et par Dieu, car il n’a pas comme Dieu son centre en lui-même, sauf en un sens relatif et par participation indirecte, sans quoi il ne serait pas homme.

Lucifer – séparation

Satan – inversion

 

II. Vie spirituelle et morale

La triple nature de l’homme

L’intelligence humaine est essentiellement objective, donc totale: elle est capable de jugement désintéressé, de raisonnement, de meditation assimilante et déifiante, la grâce aidant.

L’objectivité n’est pas autre chose que la vérité.

Dire que l’âme n’est fondamentalement heureuse que par la beauté revient à dire qu’elle n’est heureuse que dans la vertu.

Les fonctions spirituelles: discernement, union, foi, vertu.

La fonction de l’intelligence comporte un mode passif qui est contemplatif, et un mode actif, qui est discriminatif. L’intelligence ne peut être que passive vis-à-vis de l’Objet divin qui la détermine, mais elle est active en discernant le relatif de l’Absolu.

Les dimensions spirituelles de l’homme: objectivité, intériorité, foi et vertu.

Le divin principe se tripolarise en Etre-Puissance, Conscience-Sagesse et Béatitude-Miséricorde.

 

Les vertus dans la voie

L’homme a une intelligence capable de discernement et de contemplation; une volonté capable de liberté et de force; une âme capable d’amour et de vertu.

Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est la totalité, et celle-ci implique la transcendence.

La connaissance est en soi infaillible ou incorruptible comme l’instinct des plantes qui se tournent vers le soleil sans jamais se tromper, tandis que les deux prolongements de l’intelligence, la volonté et l’amour, sont faillibles; mais ils ne le sont que du fait qu’ils se sont séparés de la connaissance pour s’unir à la passion ou à l’inertie.

La noblesse est ce qui correspond à la hiérarchie réelle des valeurs; le supérieur prime l’inférieur, et cela sur le plan des sentiment aussi bien que sur celui des pensées ou des volitions. On a dit que la noblesse de caractère consiste à mettre l’honneur ou la dignité morale au-dessus de l’intérêt, ce qui signifie en dernière analyse qu’il faut mettre le réel invisible au-dessus de l’illusoire visible, moralement aussi bien qu’intellectuellement.

La noblesse est faite de détachement et de générosité.

Dans la durée, le détachement donne lieu à la patience, à la générosité, à la fidélité.

Détachement, générosité, vigilance, gratitude: ces vertus relèvent de quatre principes que nous pourrions caractériser par les termes suivants: pureté, bonté, force, beauté; ou froid, chaleur, activité, repos; ou mort, vie, combat, paix; ou encore, en l’appliquant à l’alchimie spirituelle: abstention, confiance, accomplissement, contentement.

Etre détaché, c’est ne rien aimer en dehors de Dieu ni a fortiori contre Dieu.

Le détachement est l’opposé de la concupiscence et de l’avidité.

La générosité est l’opposé de l’égoïsme, de l’avarice et de la mesquinerie.

L’homme sanctifié est aussi un homme discipliné; être discipliné c’est se dominer, et aussi faire les choses correctement.

L’humilité a sa source dans notre totale dépendance de Dieu. Il en résulte  de cette conscience un sens des proportions nous empêchant de nous surestimer aussi bien que de sous-estimer autrui.

La sincérité consiste à être ce qu’on exprime et à exprimer ce qu’on est.

 

Nature et rôle du sentiment

La question des vertus comme celle de l’esthétique évoque celle du sentiment, qui joue un rôle légitime dans la morale et dans l’art.

La qualité du sentiment dépend de celle de l’égo.

La Réalité absolue est absolument aimable.

Le sentimentalisme: un sentiment qui s’oppose à la vérité.

 

Ce qu’est la sincérité et ce qu’elle n’est pas

Le cynisme est la caricature de la sincérité ou de la franchise.

L’hypocrisie est la caricature du scrupule ou de la discipline, ou de la vertu en général.

Seules les qualités mises en valeur par la Vérité et la Voie concourent au salut de l’âme, aucune vertu retranchée de ces fondements n’a de pouvoir salvateur.

Adage hindou: “Il n’y a pas de droit supérieur à celui de la vérité.”

L’homme noble est celui qui se domine, et aime à se dominer; l’homme vil est celui qui ne se domine pas, et a horreur de se dominer.

L’homme spirituel est celui qui se dépasse, et aime à se dépasser.

Le contenu de la sincérité, c’est notre tendance vers Dieu et par conséquent notre conformation aux règles que cette tendance exige, et non notre nature pure et simple avec tous ses défauts.

 

Le problème de la sexualité

Traditionnellement, l’Occident chrétient explique le mariage par un biais plus ou moins utilitariste. Selon cette perspective, l’union sexuelle c’est en soi un péché.

Selon la perspective primordiale, l’acte sexuel est un sacrement. L’extase sexuelle coïncide, chez l’homme primordial, avec l’extase spirituelle.

Quoi qu’il en soit, ce fut une erreur, en Occident, d’imposer à tout un continent une morale de moines, morale fondée sur l’erreur que la sexualité est une sorte de mal.

Rien n’est plus opposé au sacré que la tyrannie ou la trivialité sur le plan des rapports conjugaux.

Le corps humain est une théophanie, et le reste malgré la chute.

Fondamentalement, tout amour est une recherche de l’Essence ou du Paradis perdu.

Le Christianisme opère moyennant l’opposition entre le plaisir mondain et la souffrance sacrificielle, c’est ce qui explique le soupçon obsessionnel des Chrétiens à l’égard de toute sexualité sacrée.

Si le Bouddhisme semble mettre l’homme à la place du Dieu transcendant, c’est parce que l’homme en tant que subjectivité concrète est le contenant de la Substance libératrice immanente.

 

Dimensions de la vocation humaine

L’injustice est une épreuve, mais l’épreuve n’est pas une injustice. Les injustices viennent des hommes, tandis que les épreuves viennent de Dieu.

Que Dieu nous envoie une épreuve n’empêche pas que sur le plan humain cela puisse être une injustice; que les hommes nous traitent injustement n’empêche pas que ce soit justice de la part de Dieu.

La cause de l’épreuve est inscrite dans notre relativité même, donc dans le fait que nous sommes des êtres contingents ou des individus.

Se dépasser et se dominer ce sont les grands impératifs de la condition humaine. L’homme noble est celui qui se domine, l’homme saint est celui qui se dépasse.

 

Le commandement suprême

Discernement métaphysique: “Ecoute, Israël: le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est Un.”

La concentration contemplative: “Et tu aimeras Yahweh, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.” (Deutéronome, VI, 5)

Les vérités les plus profondes se trouvent nécessairement déjà dans les formulations fondamentales et initiales des religions.

 

Le vrai remède

Selon la conviction unanime des mondes traditionnels, la cause de la souffrance dans le monde est la déchéance de l’homme et non un simple manque de science et d’organisation.

L’élimination durable de nos misères est fonction de notre conformité à la Nature divine.

Le péché se réfère à deux plans: le premier exige d’« obéir aux commandements », et le second est de s’établir dans la « dimension intérieure » et de réaliser ainsi la dimension contemplative.

Les puissances du monde organisent les péchés dans le but d’abolir les effets du péché.

 

Critères de valeur

La connaissance spirituelle doit se combiner avec une volonté réalisatrice et avec une vertu globale.

La valeur spirituelle d’un homme est, non dans un degré éminent soit de discernement, soit de concentration, soit encore de vertu, mais dans un degré au moins suffisant de ces trois capacités.

La science intellectuelle la plus brillante n’est rien si elle se combine avec la paresse spirituelle et avec la prétention, l’égoïsme, l’hypocrisie.

La connaissance spirituelle indispensable est la distinction de l’Absolu d’avec le contingent.

La concentration est étroitement solidaire de l’intention, au point de n’avoir sa valeur que par celle-ci. L’efficacité est dans la sincérité de l’intention.

La vertu est essentiellement la générosité, le don de soi vis-à-vis de Dieu.

Il vaut mieux avoir une générosité qui par accident absout un coupable, que d’avoir un « sens critique » bouillonnant et acerbe qui entraîne dans sa réprobation des innocents.

L’idéal c’est qu’un homme réalise à un degré éminent les trois conditions: le discernement intellectuel, l’effort spirituel et la béauté morale, ou qu’il en réalise deux ou une seule à ce degré tout en possédant l’autre.

La vocation humaine ne peut être que spirituelle si l’homme est vraiment homme.

Le sommet de la condition intellectuelle: l’intellection directe qui se manifeste par l’inspiration permanente, qui est voisine de la prophétie.

Le sommet de la tension réalisatrice: un état d’union permanente à Dieu.

Le sommet de la conformité morale: une parfaite beauté de l’âme: une noblesse qui fait que l’homme voit les choses de haut.

 

III. Phénoménologie esthétique et théurgique

Fondements d’une esthétique intégrale

L’ésotérisme comporte quatre principales dimensions:

a)      une intellectuelle, dont témoigne la doctrine;

b)      une volitive ou technique, qui englobe les moyens directs ou indirects de la voie;

c)       une morale, qui concerne les vertus intrinsèques et extrinsèques;

d)      une esthétique, dont relèvent le symbolisme et l’art.

Est objectivement beau ce qui exprime de telle ou telle manière un aspect de la splendeur cosmique et en dernière analyse divine, et le fait conformément aux principes de hiérarchie et d’équilibre que cette splendeur comporte et exige.

Reflétant l’Absolu, la beauté réalise un mode de régularité, et reflétant l’Infini, elle réalise un mode de mystère. La beauté est régularité et mystère.

Dans l’art sacré, on rencontre partout la régularité et le mystère.

On a dit que Dieu est géomètre, mais il importe d’ajouter qu’Il est tout autant musicien.

Absolu (le point), Infini (les rayons), Perfection (le cercle).

La Perfection est l’Absolu projeté, en vertu de l’Infinitude, dans la relativité.

La compréhension plénière de la beauté exige la vertu et s’identifie avec elle.

Principe platonicien: le semblable s’associe volontiers au semblable. Il existe un rapport quasi magique entre le récipient conforme et le contenu prédestiné, ou entre le symbole adéquat et la présence sacramentale du prototype.

Plotin: “Jamais l’œil n’aurait vu le soleil s’il n’était pas lui-même de nature solaire, pas plus que l’âme ne pourrait voir le beau si elle n’était belle elle-même.”

La laideur est, fort paradoxalement, la manifestation d’un néant relatif; d’un néant qui ne peut s’affirmer qu’en niant ou rongeant un élément d’Etre, donc de beauté.

La vertu retranchée de Dieu devient orgueil, comme la beauté retranchée de Dieu devient idole; et la vertu rattachée à Dieu devient saintenté, comme la beauté rattachée à Dieu devient sacrement.

 

Les degrés de l’art

L’art traditionnel dérive d’une créativité qui combine une inspiration céleste avec un génie ethnique.

L’artiste, en façonnant l’œuvre se façonne lui-même.

Le “miracle grec” – l’anthropolâtrie.

La mentalité classiciste – la cosmolâtrie.

Le “miracle grec” est avant tout un abus de l’intelligence, lequel n’aurait pas pu se produire si la conscience ne s’était pas effritée dans de larges couches de la classe dirigeante – en dépit de l’orphisme et du platonisme – sous la pression d’une mentalité de plus en plus profane, c’est-à-dire d’une intelligence extériorisée et extériorisante, instable et aventureuse, et éprise de nouveautés; conformément à cette mentalité, les modernes voient dans l’esprit le plus extériorisé et le plus entreprenant, une intelligence supérieure ou même l’intelligence tout court.

Tout le monde constate aujourd’hui que l’efficacité des sciences expérimentales n’est plus un argument en leur faveur, puisque les calamités qu’elles engendrent sont précisément fonction de leur efficacité.

 

Le rôle des apparences

La primauté de l’esprit n’exige pas la fausseté des formes.

Quand on multiplie la religion chrétienne avec l’humanité occidentale, le produit est le moyen âge.

La différence réelle entre Saint Louis et Louix XIV est que le premier représente le Christianisme occidental dans le plein épanouissement de ses possibilités normales et normatives, tandis que Louis XIV représente autre chose, à savoir ce succédané de la religion, ou de la chrétienté, qu’est la soi-disant « Civilisation ».

Saint Louis est un des rois qui incarnent spirituellement l’idéal qu’ils représentent pour ainsi dire liturgiquement.

Les critères visuels ne signifient rien pour « l’homme de notre temps », lequel est pourtant un visuel par curiosité autant que par incapacité de penser, ou par manque d’imagination et aussi par passivité.

Le monde moderne a aboli et la notion de beauté et la critériologie des formes.

Le déséquilibre chronique qui caractérise l’humanité occidentale a deux principales causes, l’antagonisme entre le paganisme aryen et le Christianisme sémitique d’une part, et celui entre la rationnalité latine et l’imaginativité germanique d’autre part.

 

La fonction des reliques

Il est dans la nature de l’homme de faire usage de supports sensibles en vue du progrès de son esprit ou de l’équilibre de son âme. Ces supports sont soit artistiques (symbolistes et esthétiques), soit théurgiques.

Le culte des reliques, loin de n’être qu’un abus plus ou moins tardif comme se l’imaginent la plupart des protestants, remonte à l’époque des catacombes et représente un élément essentiel dans l’économie dévotionnelle et charismatique du Christianisme.

Les réformateurs chrétiens, en rejettant les supports, ils rejetèrent en même temps la sainteté.

“Ce qui dans l’Islam correspond à l’iconoclasme occidental, c’est le wahhabisme destructeur des mausolées, dans lesquels il voit des manifestations d’idolâtrie: une comparaison avec le protestantisme n’est toutefois pas permise, étant donné que le wahhabisme, qui est un hanbalisme extrême, maintient tous les éléments essentiels du dogme et du culte. Aussi est-il profondément significatif que l’iconoclasme wahhabite se soit arrêté devant le tombeau du Prophète à Médine, suprême relique dans l’univers musulman, laquelle résume pour l’Islam le mystère de la présence terrestre de l’humanité céleste.” (p. 206)

 

Critériologie  élémentaire des apparitions célestes

Si le diable prenait l’apparence d’un homme déifié ou d’un ange, il se trahirait nécessairement par quelque détail dissonnant; cela passerait sans doute inaperçu pour ceux dont l’intention manque de désintéressement et de vertu et qui, mettant leur désirs au-dessus de la vérité, veulent au fond être trompés, mais non pour ceux dont l’intelligence est sereine et l’intention pure.

La bonne attitude envers une apparition que Dieu n’impose pas par une certitude irrésistible, est une déférente neutralité, éventuellement une pieuse expectative.

Parmi les grâces réelles ou apparentes il y a les “pouvoirs”: de guérison, de prévision, de suggestion, de télépathie, de divination, de prodiges mineurs. A l’avis de toutes les autorités spirituelles, il convient de s’en méfier et de ne pas y prêter attention, d’autant plus que le diable peut s’en mêler et a même tout intérêt à le faire.

 

La Danse du Soleil

La phénoménologie théurgique englobe non seulement les symboles sacrés, les supports de fluides célestes et les grâces subjectives, mais aussi et même avant tout les rites, dans lesquels l’homme coopère activement à une théurgie salvatrice.

Le soleil est notre cœur macrocosmique, le cœur est le soleil de notre microcosme; en connaissant le soleil, - en le connaissant en profondeur -, nous nous connaissons nous-mêmes.

Le chamanisme hyperboréen témoigne d’une interprétation sacrale de la nature vierge. Celle-ci fait fonction de Temple aussi bien que de Livre divin.

L’intention intérieure de la Danse du Soleil est de s’unir à la Puissance solaire, d’établir un lien entre le Soleil et le cœur, de réaliser en somme un rayon qui rattache la terre au Ciel, ou de réactualiser ce rayon préexistant mais perdu.

 

IV. Soufisme

La religion du cœur

Le soufisme c’est la sincérité de la foi.

Pour les Chrétiens, la vérité unique c’est que seul le Christ est sauveur; et c’est cette unicité objective qui exige la totalité subjective. Métaphysiquement, l’unicité du Christ signifie que seul le Logos peut nous sauver, lui qui nous a conçus et qui est la porte entre le monde et Dieu; et c’est là, au fond, une façon plus relative de dire qu’”il n’y a pas de dieu hormis le seul Dieu”, donc “pas de bien hormis le seul Bien”.

 

La voie de l’unité

L’unicité de l’objet exige la totalité du sujet; la nature unique et incomparable de Dieu oblige au caractère total de la foi.


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