18 mai 2005

Martin Lings, Le sens intérieur du Jihad, (fragment)





De Qu’est-ce que le soufisme, pp. 34-35.

Dans de nombreux versets, les sens extérieur et intérieur s’appliquent à des domaines très différents. Un jour, au retour d’une bataille contre les infidèles, le Prophète dit: «Nous sommes revenus de la petite Guerre saint à la grande Guerre sainte.» Ses compagnons demandèrent: «Qu’est-ce que la grande Guerre sainte?» et il répondit: «La guerre contre l’âme.» On trouve ici la clé du sens intérieur de tous les versets du Coran se rapportant à la Guerre sainte et aux infidèles. Admettons que ce dire du Prophète apporte quelque chose à chacun, et la plupart des musulmans pourraient prétendre avoir l’expérience de la lutte contre les infidèles de l’intérieur, c’est-à-dire contre les éléments rebelles et non musulmans [insoumis à Dieu] de l’âme. Mais résister de temps en temps à la tentation est une chose, et faire la guerre en est une autre. La grande Guerre sainte dans son sens plénier est le soufisme, ou, plus précisément, elle en est un aspect et ne regarde que les soufis. Le Coran déclare: «Combattez les idolâtres totalement» (IX, 36), et ailleurs: «Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de sédition, et que la religion soit toute à Dieu» (VIII, 39). Cela, seul le mystique est capable de le réaliser intérieurement, et lui seul sait ce que cela veut dire de maintenir une opposition méthodique contre ses propres possibilités inférieures et de porter la guerre dans le territoire de l’ennemi, de manière que l’âme soit tout entière «à Dieu». C’est à cause des dangers de cette guerre qu’aucun ésotérisme n’est aisé d’accès. En fait, mais non de propos délibéré, l’exotérisme est un état de trêve avec des escarmouches occasionnelles et livrées de façon décousue; et il est bien préférable de demeurer exotériste que de susciter toute la fureur de l’ennemi [du diable] et, ensuite, d’abandonner la lutte, laissant les possibilités inférieures envahir l’âme.

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