29 mai 2005

Eric Geoffroy, Le Rayonnement Spirituel du Cheikh Al Alaoui en Occident, (note de lectura)

Etude du site www.religioperennis.org
Paroles du Cheikh Al Alaoui: “Je suis une âme nue et une âme a besoin d’un corps. Elle a besoin d’une langue, d’oreilles, d’yeux, de mains. Je cherche un corps. Si je trouvais un groupe qui soit mon interprète auprès du monde de l’Europe, on serait étonné de voir que rien ne divise l’Occident de l’islam.”
En 1926, lors de l’inauguration de la Grande Mosquée en Paris, le Cheikh Al Alaoui a prononcé la khutba et a dirigé la prière. Il a été un grand rénovateur (mujaddid).
Il a été beaucoup intéressé par les autres religions, par la science occidentale et la philosophie bergsonienne. Certains l’ont considéré même trop ouvert et trop perméable à l’esprit occidental.
L’expression coranique ad-dîn al-qayyim singnifie réligion primordiale, ou immuable.
Il a implanté la tarîqa ‘Allawiyya en Europe. Des zâwiyas ont été instalées à Paris, Marseille, en Angleterre et en Hollande. Elles étaient ouvertes aux commencement uniquement pour les Arabes et les Kabyles.
Martin Lings, dans son livre Qu’est-ce que le soufisme?, a comparé le Cheikh avec Junayd de Bagdad, surnommé sayyid al-tâ'ifa, le « maître de l’ordre des soufis ».
L’orientaliste Augustin Berque, le père de l’arabisant Jacques Berque, parle du charisme qui émanait du Cheikh.
Parmi les convertis français à l’islam qui ont connu le Cheikh Al Alaoui il faut citer Eugène Taillard, interprète du grand tribunal de Tunis; Gustave Henri Jossot, ‘Abd al-Karîm en islam, mort en 1951.
René Guénon entra en islam en 1912, sous le nom de Abd al-Wâhid Yahia. Il a été initié au soufisme dans la tarîqa Shadhiliyya. Son maître soufi à lui a été le Cheikh ‘Illîsh.
Avec Frithjof Schuon l’influence du Cheikh Al Alaoui prend un tournant et une ampleur incontestables. Parmi les disciples directs de Schuon il faut énumérer: Titus Burckhardt, Michel Vâlsan, Martin Lings (qui est un de ses successeurs, l’autre est S. H. Nasr).
Frithjof Schuon sur le Cheikh Al Alaoui: « On peut comparer la rencontre d'un de ces messagers à celle d'un saint du Moyen Age ou d'un patriarche sémitique, écrivait Schuon. Comment oublier cette apparition d'un anachronisme émouvant : ce vieillard fin et grave qui semblait être sorti de l'Ancien Testament ou du Coran ? [...] Il exhalait de lui quelque chose de l'ambiance archaïque et pure des temps de Sidna Ibrahim El-Khalîl (Abraham) ».
Jussot: « le Cheikh a une belle tête de Christ douloureux et tendre ».
Chodkiewicz: « L'attraction très forte que le shaykh al-‘Alawî exerça sur certains Européens qui devinrent ses disciples et le rôle que sa tarîqa a joué dans l'introduction du tasawwuf en France et dans d'autres pays occidentaux confirment l'adéquation entre le type de walâya qu'il incarnait et la nature du milieu dans lequel il était appelé à représenter le tasawwuf ».
Sur la doctrine de l’héritage soufi: “On comprend mieux dès lors l'intérêt que portait le Cheikh à la tradition chrétienne. Il faut ici apporter une précision doctrinale : selon le soufisme, les saints musulmans héritent des prophètes antérieurs à Muhammad par l'intermédiaire de la fonction globalisante, synthétisante (jam‘iyya) du Prophète, lequel récapitule tous les types prophétiques antérieurs. Tel saint sera, à un moment de sa vie ou plus durablement, "noétique", "abrahamique", "moïsiaque", ou "christique". Il peut également passer d'un héritage à un autre. Cet héritage agit comme un « patrimoine génétique » qui « marque de caractères précis et repérables le comportement, les vertus caractéristiques et les charismes du walî ("saint") ». Le soufisme a ainsi connu des saints moïsiaques qui, à l'instar du prophète Moïse descendant du Mont Sinaï, se voilaient le visage afin que la lumière intense qui en émanait n'aveugle ou ne tue pas leurs interlocuteurs. D'autres saints, "christiques" cette fois, auraient eu la faculté de ressusciter les morts, comme le fit Jésus. La doctrine de l'héritage prophétique (wirâtha) affleure chez les premiers auteurs soufis, mais elle trouve sa formulation chez Ibn ‘Arabî.
La dimension christique est restée présente, il faut le noter, chez les successeurs du Cheikh Al Alaoui à Mostaganem. Pensons au beau texte Jésus, âme de Dieu du cheikh Hajj ‘Adda, à la présence du cheikh Khaled en Europe et à son rôle pionnier dans le dialogue islamo-chrétien... Chez Schuon également, les traits christiques sont prononcés : il avait pour nom « cheikh ‘Îsâ (Jésus en islam) » et avait baptisé sa voie la Maryamiyya, du nom de Maryam, la Vierge Marie.”

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