09 avril 2005

Giovanni Ponte, Réflexions à la lumière de l’œuvre de Guénon, (note de lectura)

Titre complet: Réflexions à la lumière de l’œuvre de Guénon concernant l’unité principielle, l’ésotérisme, l’exotérisme et les risques de la voie initiatique

Paru dans René Guénon, Cahier de l’Herne, 1985.

Autour de l’œuvre de René Guénon se sont tissé beaucoup de confusions, qui obligent à la circonspection tout exégète.

“Le fruit tombant au pied de l’arbre” – expression extrême-orientale désignant la fin du cycle.

Une des confusions qui a plané autour de René Guénon a été celle de le présenter pour un «converti». Il l’a dissipée dans le chap. XII d’Initiation et Réalisation spirituelle. Le fait de le classer comme converti à la religion musulmane a permis aux milieux catholiques pour faire barrage à l’audience de son œuvre. Le but a été de dénaturer complètement le sens de la doctrine exposée dans son œuvre.

D’autres ont nié la compatibilité de l’ésotérisme de René Guénon et l’orthodoxie des formes exotériques. Certains ont dit que la recherche du principe métaphysique serait incompatible avec la croyance au Dieu de la religion.

On peut dire que l’ésotérisme est moniste, pendant que l’exotérisme est dualiste. Mais cette caractérisation implique un abus de langage. “Le «monisme» désigne, en fait, un type de «système» où un terme défini est affirmé d’une façon exclusive comme étant le seul réel; or c’est là justement ce qui peut arriver dans une conception de l’ésotérisme, ou de la doctrine métaphysique exposée par Guénon, mal comprise suivant un point de vue philosophique et systématique.” (p. 156)

Les énoncés de la métaphysique traditionnelle vont infiniment au-delà de l’Etre un, notamment lorsqu’il est question du «Zéro» métaphysique ou du «Non-Etre». Ce que Guénon désigne comme unité métaphysique, principe de la manifestation universelle, implique et totalise en réalité toute sa multiplicité, et notamment toutes ses dualités, qui ont dans cette unité même leur véritable raison d’être, sans toutefois qu’elle en soit affectée par une division ou par un séparation quelconque qui serait incompatible avec sa nature. Or il est bien entendu que la conception de cette synthèse principielle de la multiplicité dans l’unité échappe entièrement lorsqu’on s’en tient à un point de vue rationaliste, et même que cette conception apparaîtrait contradictoire si on la réduisait dans les cadres d’une analyse rationnelle; mais, justement, l’impuissance de celle-ci est évidemment inévitable et conforme à la nature des choses lorsqu’il s’agit en fait d’énoncés qui font allusion à ce qui la transcende.

L’Etre unique comprend toutes ses possibilités de multiplicité en soi. La manifestation et la multiplicité sont subordonnées à l’unité principielle.

Les sciences traditionnelles, tout comme les formes exotériques, représentent la descente, sous des aspects relatifs et formels, de ce qui relève de l’ordre principiel. Au cours du développement historiques, à cause de l’incompréhension des hommes, la liaison entre la forme et l’Essence peut être rompue.

Si l’exotérisme est le côté de la tradition le plus extérieur, sa validité réside dans l’ésotérisme.

Le cas de l’exotérisme qui a perdu la liaison avec son ésotérisme est parfaitement possible (on peut appeler ce qui reste – superstitions). Le cas contraire, des informations ésotériques découplées de leur exotérisme peut être nommé – dégénérescence.

L’initiation ne garantit pas le dépassement effectif des tendances négatives propres à chaque individualité. Un initié investi avec une fonction spécifique peut perdre la barakah si le pacte initiatique est rompu.

Le mot sanskrit Avatara signifie justement «descente», ainsi que le terme arabe tanzîl, se référant à la Révélation, et des rapprocements seraient possible aussi en ce qui concerne l’«incarnation du Verbe» et le «mystère de l’Avent» chrétien. Il s’agit là toujours de l’introduction effective dans le monde humain d’une réalité «surnaturelle», puisque les soi-disant «religions naturelles» n’ont jamais existé que dans l’imagination de ceux qui ont inventé cette expression proprement contradictoire.

Al-Hallâj disait que l’exotérisme (sharîah) est l’aspect extérieur de l’ésotérisme, et «qui la suit vraiment découvre son aspect intérieur, qui n’est autre que la connaissance d’Allah».

L’ésotérisme islamique dit que celui qui se prend soi-même pour guide (ou qui prend pour guide son âme) prend pour guide Satan (c’est-à-dire «l’adversaire»).

La doctrine de l’Unité est désignée en arabe par le mot Tawhîd, qui signifie aussi, littéralement, «unification».

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