08 avril 2005

Jean Reyor, De quelques énigmes dans l’œuvre de René Guénon (note de lectura)

Paru dans René Guénon, Cahier de l’Herne, 1985.

L’auteur a connu personnellement René Guénon. “Je tiens donc à dire qu’aujourd’hui comme hier et comme avant-hier je considère l’œuvre de René Guénon comme l’événement intellectuel le plus important qui se soit produit en Occident depuis la fin du moyen-âge.” (p. 136)

Sur Guénon: “[…] comme on l’a dit, sa conversation n’était que son œuvre parlée, son œuvre déjà publiée.” (p. 137)

Guénon n’a jamais abordé dans son œuvre la théorie des Avatâra ou descentes divines dans le monde manifesté.

L’article s’attarde beaucoup sur quelques témoignages plus ou moins personnels (l’arrivée de Guénon à Voile d’Isis, la relation entre Guénon et Chacornac, la transformation de Voile d’Isis en Etudes Traditionnelles).

André Préau, dans un article publié aux Indes, à la revue Jayakarnataka: “Cet auteur [Guénon] présente le cas très rare d’un écrivain s’exprimant dans une langue occidentale et dont la connaissance des idées orientales a été directe, c’est-à-dire essentiellement due à des maîtres orientaux; c’est en effet à l’enseignement oral d’Orientaux que M. René Guénon doit la connaissance qu’il possède des doctrines de l’Inde, de l’ésotérisme islamique et du taoïsme[…].” (cf. p. 138) Cette chose rend très difficile le problème des sources du savoir guénonien.

Certaines sources de Guénon restent bien étranges. Surtout dans l’ouvrage sur l’Esotérisme de Dante certains passages seraient bien déconcertants si on n’admettait pas que l’auteur a disposé de sources non publiques.

Guénon mentionne l’organisation rosicrucienne qui manifesta publiquement son existence en 1604. Or, les premiers manifestes rosicruciens ont été publiés en 1614. Il déclare que cette Rose-Croix, nettement antipapiste, du commencement du XVIIe siècle, était déjà très extérieure et fort éloignée de la véritable Rose-Croix originelle, et plus loin, il nous dit que la dénomination de Fraternitas Rosae-Crucis apparaît pour la première fois en 1374, ou même, suivant quelques-uns (notamment Michel Maïer) en 1413. Mais Guénon ne nous dit pas d’où il a tiré cette date de 1374 destinée apparemment à nous convaincre de l’existence d’une Rose-Croix antérieure à celle du début du XVIIe siècle, et on ne comprend pas du tout pourquoi, s’il pensée avoir une certitude au sujet de la date de 1374, il a éprouvé le besoin, en indiquant une source, d’une façon bien vague d’ailleurs, de citer ensuite celle de 1413.

Fr. Vreede a révélé que Guénon avait été membre d’une maîtrise: “Un groupement de maîtres à tous grades dont la tradition orale remontait à l’époque troublée où eut lieu la sécession massive des compagnons initiés et d’autre part les compagnons professionnels des corporations de métier, dans lesquels se recrutaient souvent les candidates à l’ordre maçonnique. Après cette décomposition de la Maçonnerie française régulière, des groupements de maîtres décidèrent de maintenir la tradition ancienne toute pure. Pour empêcher à l’avenir toute déviation, toute divulgation, toute trahison, ils décidèrent l’anonymat des membres, et que désormais il n’y aurait plus de statuts ni d’autres documents écrits; plus de candidatures, mais acceptation de nouveaux membres par cooptation secrète.” Vreede ajoute: “Je compris alors de quelle source authentique Guénon tenait ses connaissances étendues du rituel et des symboles de la tradition ancienne des bâtisseurs de cathédrales et de leur science géometrique, attribuée à Pythagore sans laquelle le Grand Art ne saurait exister (ars sine scientia nihil).” (Les citations de Fr. Vreede sont empruntées à un article paru dans les publications de la Loge Villard de Honnecourt de 1973).

Apparemment, la liaison entre Joseph de Maistre et René Guénon dépasse le niveau d’une connexion idéatique. Mais il se peut que cela soit uniquement une supposition.

Aucun commentaire: