30 octobre 2005

Le mythe dans le Dictionnaire des mythes littéraires, sous la direction de Pierre Brunel

Paru dans Editions du Rocher, 1988.
Il existe un Dictionnaire des Mythologies, paru chez Flammarion, 1981, sous la direction d’Yves Bonnefoy.
On ne peut pas étudier le mythe littéraire sans étudier le mythe d’abord.
A chercher Michel Panoff, celui qui considère que le mythe est devenu irritant: „il n’en est guère aujourd’hui, qui soient chargés de plus de résonances et de moins de sens”.
Mythologies, Roland Barthes.
Henri Meschonnic observe que le sens est devenu „tromperie collective consciente ou non”.
Aspects du mythe, Mircea Eliade.
Def. du mythe par Eliade: „Le mythe raconte une histoire sacrée; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements.”
Def. de Gilbert Durand dans Les Structures anthropologiques de l’Imaginaire: „Nous entendons par mythe un système dynamique de symboles, d’archétypes et de schèmes, système dynamique qui, sous l’impulsion d’un schème, tend à se composer en récit.”
Fonctions du mythe:
○ le mythe raconte;
○ le mythe explique;
○ le mythe révèle;
André Jolles, dans Formes simples: „Autrement dit, le mythe raconte comment, grâce aux exploits des Etres surnaturels, une réalité est venue à l’existence, que ce soit la réalité totale, le Cosmos, ou seulement un fragment: une île, une espèce végétale, un comportement humain, une institution. C’est donc toujours le récit d’une «création»: on rapporte comment quelque chose a été produit, a commencé à être.” Encore une définition, toujours par lui: „Le mythe est le lieu où l’objet se crée à partir d’une question et de sa réponse (…) le mythe est le lieu où, à partir de sa nature profonde, un objet devient création.”
Mircea Eliade, Mythes, Rêves et Mystères.
Il existe une conception religieuse du mythe, tout comme il existe une conception inverse, sceptique, quand on refuse croire au langage des dieux.
Claude Lévi-Strauss, Le Cru et le Cuit: „Les mythes n’ont pas d’auteur: dès l’instant qu’ils sont perçus comme mythes, et quelle qu’ait été leur origine réelle, ils n’existent qu’incarnés dans une tradition. Quand un mythe est raconté, des auditeurs individuels reçoivent un message qui ne vient, à proprement parler, de nulle part; c’est la raison pour laquelle on lui assigne une origine surnaturelle.”
Ce scepticisme rejoint une certaine mythoclastie contemporaine.
Querelle moderne: entre ceux qui dévaluent et ironisent le mythe, et ceux qui sont sensibles à sa force vivante, à sa force magique.
Denis de Rougement, dans L’Amourt et l’Occident, distingue deux moments de profanation du mythe: la naissance de la littérature et le déclin de la sous-littérature.
Claude Lévi-Strauss dénonce lui-aussi la littérature comme dégradation, dislocation du mythe.
Muthos = parole, récit transmis.
Régis Boyer: „Si muthos signifie bien «parole, récit transmis», tout mythe n’est-il pas littéraire, dans la mesure très grande où il a besoin d’un mode de transmission qui, en dernier ressort et surtout de notre temps, finira par aboutir à une consignation par écrit?»
Conception de Pierre Brunel: „Il résulte de ces constatations que le mythe nous parvient tout enrobé de littérature et qu’il est déjà, qu’on le veuille ou non, littéraire. Il en résulte aussi que l’analyse littéraire rencontre inévitalement à un moment ou à un autre le mythe. Les tentatives récentes de «mythanalyse» ou de «mythocritique» ont même montré qu’il y avait là une voie féconde pour l’interprétation des textes.” (p. 11)
C’est à partir du thème qu’il convient d’abord d’essayer de définir le mythe littéraire.
Raymond Trousson, Thèmes et Mythes, 1981;
Pierre Albouy, Mythes et Mythologies dans la littérature française, 1969;
Pour Pierre Albouy, le mythe littéraire est constitué par le récit qui implique le mythe et par les significations nouvelles qui lui sont ajoutées. Sans ajouter de telles nouvelles significations, il s’agit uniquement d’un thème.
Le principe d’étude d’un mythe littéraire est la recherche des „invariants”, des cellules constitutives de ce mythe lui-même.
Philippe Sellier, «Qu’est-ce que le mythe littéraire?», dans Littérature, 1984.
Le mythe ethnico-religieux – récit fondateur, anonyme et collectif, qui fait baigner le présent dans le passé et tenu pour vrai, dont la logique est celle de l’imaginaire et qui fait apparaître à l’analyse de fortes oppositions structurales.
Dans le passage du mythe à la littérature, trois caractéristiques disparaissent:
○ le mythe littéraire ne fonde ni n’instaure plus rien;
○ les œuvres qui l’illustrent sont en principe signées;
○ le mythe littéraire n’est pas tenu pour vrai.
Les mythes de l’Occident sont les mythes du déséquillibre:
○ Tristant et Iseut;
○ Faust;
○ Dom Juan;
○ Robinson Crusoe.
Ils sont aussi mythes nés de la littérature.
Mythes politico-héroïques:
○ Alexandre;
○ César;
○ Louis XIV;
○ Napoléon.
Mythes para-bibliques:
○ Lilith;
○ le Juif errant;
○ le Golem.
André Dabezis, Visages de Faust au XXe siècle – sur le mythe littéraire: „illustration symbolique et fascinante d’une situation humaine exemplaire pour telle ou telle collectivité”.
André Dabezis, Des mythes primitifs aux mythes littéraires (communication)
Images-forces de nos jours: le Progrès, la Race, la Machine, etc. – elles exercent une fascination collective comparable à celle des mythes primitifs.

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