Paru dans René Guénon, Cahier de l’Herne, 1985.
Guénon n’a pas nié la réalité relative du mal, mais il lui a assigné dans le Plan divin la juste place, sans dramatisations sentimentales ni moralisme frelaté.
Beaucoup de nos contemporains attribue au mal un statut archétype, sans lui permettre de «descendre» dans la sphère des applications pratiques. D’autres confèrent au Satan une réalité distincte de celle de Dieu, presque indépendante.
Incapable de s’élever à la pure métaphysique, l’Occident met néanmoins dans sa sottise beaucoup d’intelligence.
“Si, selon l’adage populaire, «le diable porte pierre», ou si, en d’autres termes, rien, absolument rien, ne saurait échapper au Plan divin, c’est que cette force descendante accompagne et, à un certain degré, accomplit, l’Expir cosmique, jusqu’à la nécessaire dissolution en laquelle elle s’anéantira – unique victime, en définitive, de sa propre «perversité» - et qui, signant la fin d’un cycle d’existence, permettra le redressement instantané (le «renversement des pôles») et le retour à l’Origine.” (p. 103)
Dans la logique de l’histoire sacrée, la contre-initiation est nécessaire pour que l’âge d’or advienne.
Vus sub specie æternitas, Bien et Mal s’assimilent donc aux deux phases du Respir cosmique, dont les fonctions apparemment antagonistes sont typifiées par les Devas (les Anges) et les Asuras (les Titans) qui, s’ils s’opposent farouchement sur la scène de ce monde, redeviennent Un dans les coulisses de l’Autre Monde.
Il existe une complementarité entre la Chute et la Rédemption qui, à la fin, change le sacrifiant en sacrifié.
Si la pseudo-tradition a une origine humaine, la contre-tradition n’en a pas. La dernière est le renversement de l’initiation proprement-dite, ce qui fait son «satanisme». Guénon l’a appelée la Grande Parodie.
Le commencement de la contre-initiation se trouve dans une civilisation disparue (atlantéenne), où les anges étaient devenus des puissances indépendantes, «associées» à la Puissance divine et non plus dérivées de celle-ci. Les crimes des géants nés du péché des «anges déchus» réfèrent à la corruption de la tradition atlantéenne.
Guénon a identifié une chaîne des tours du diable qui encerclent l’Europe.
“Si nous n’interrogeons pas les mythes, si nous renouvelons l’erreur du chevalier qui, au château du Graal, omit de parler, à quoi nous servira notre science – aussi «traditionnelle» qu’on puisse la souhaiter? Puisque les faits historiques, nous dit Guénon, «traduisent selon leur mode les réalités supérieures, dont ils ne sont en quelque sorte que l’expression humaine», c’est au royaume des archétypes que se joue notre destin. Posons donc aujourd’hui la question «symbolique» qui fera s’évanouir l’illusion tragique de la dualité: Qui donc, dans le monde actuel, hypostasie l’Epouse hideuse, et quel est le héros qui, par le Fier Baiser, lèvera l’immémoriale malédiction?” (p. 110)
09 avril 2005
Jean Robin, Le problème du mal dans l’œuvre de René Guénon, (note de lectura)
Publicat de Radu Iliescu la 8:15 PM
Etichete: Guénon René, Robin Jean
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
http://textesjeanrobin.blogspot.fr/
http://textesjeanrobin.blogspot.fr/
Enregistrer un commentaire