Etudes Traditionnelles, no. 484, avril-mai-juin 1984
On rencontre chez des auteurs musulmans l’opinion qu’aucun «
Envoyé » n’aurait aimé Dieu autant que le prophète de l’Islam, et aucun n’aurait
été aimé de Dieu autant que lui. La clef de l’énigme réside dans le « Visage
confessionnel » de Dieu, le Visage que Dieu tourne vers telle religion, sans
lequel elle ne pourrait même pas exister.
On pourrait dire que chaque religion a son Dieu, sans nier
pour autant que Dieu est un et que cette unité peut à tout moment percer le
voile de la diversité.
L’Hypostase-Visage ou Regard est une autodétermination
divine concrète un vue de tel réceptacle humain singulier ou collectif.
Chaque Visage divin opère moyennant une Idée-force qui le
décrit et qui est tout. En climat chrétien, le Christ est tout: « Dieu est
devenu homme afin que l’homme devienne Dieu. » La spécification hypostatique du
christianism est celle de Dieu-homme.
En climat musulman, l’Idée-force est le postulat du Dieu-Un:
Allâh est tout.
Le Vêdanta distingue le Principe « non-suprême »
(Apara-Brahma) d’avec le Principe « suprême » (Para-Brahma); le premier n’est
pas, comme le second, l’Absolu en soi, mais il est « pratiquement » l’Absolu
par rapport au monde; il est donc « relativement absolu ». Le Dieu personnel
est « absolu » sans être intrinsèquement « l’Absolu ».
Chaque religion est un système, non seulement dogmatique,
mythologique et méthodique, mais aussi cosmique et eschatologique. On ne peut
pas mesurer les valeurs d’un système avec les mesures d’un autre système.
Sur le plan de la Révélation diversifiée, Dieu opère par
antinomisme: Il ne révèle pas d’emblée la Vérité dans toute sa complexité, mais
il propose successivement ou sporadiquement des aspects antinomiques, dont
chacun s’ouvre en son centre sur la Vérité totale; et celle-ci ne se livre pas
d’une façon gratuite, elle a des exigences qui en fin de compte engangent l’homme
entier.
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