Etudes Traditionnelles, no. 484, avril-mai-juin 1984
La clef védantine de ce qu’en Occident nous appellerons le
problème des anges déchus est la doctrine des gunas, ces trois tendances dont l’une
est ascendante (sattwa), l’autre dilatante (rajas) et la troisième descendante
(tamas).
Il est évident que c’est l’erreur selon tamas, l’erreur
foncière de direction, qui est l’erreur irréversible et mortelle.
La permission que Dieu accorde à Satan d’éprouver la
fidélité de Job serait contradictoire dans la perspective monotheiste que Satan
puisse agir entièrement de lui-même. Satan agit avec la permission de l’Eternel,
tout en étant, comme son nom hébreu l’indique, l’« adversaire » (Satan) non
seulement de l’homme, mais aussi de Dieu.
L’homme est appelé à nier la négation de Dieu, comme
Lui-même la nie éternellement. En niant cette négation du Souverain Bien,
laquelle a conduit l’homme à la mort, celui-ci accède à sa vie en Dieu. Et c’est
par ce biais que la fonction négative de Satan finit par être bénéfique.
De la même façon qu’il avait méconnu la réalité intrinsèque
d’Adam et de Job, Satan méconnaît celle de Christ.
Au Moyen Age le diable est souvent représenté comme une
figure comique qu’on ne prend plus guère au sérieux.
Dans ses luttes contre les hommes de Dieu, Satan est
toujours en fin de compte le dupe.
Contrairement au Judaïsme, dans lequel Satan est rarement
représenté par une forme individualisée, il apparaît dans le Christianisme sous des formes très diverses: en réponse au
Dieu-fait-homme, Satan se fait individu. Il peut prendre toutes les formes,
exceptée celle de la Sainte Vierge.
Si la nature de Satan est parfois mal définie, la cause de
sa chute, en revanche, fait l’unanimité: c’est l’orgueil et l’envie qui causent
son expulsion du paradis.
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