Etudes Traditionnelles, no. 484, avril-mai-juin 1984
Les formes témoignant d’un génie ethnique et d’une
perspective religieuse dépassent toujours la moyenne de ceux qui les
véhiculent.
C’est une sorte de réalisme, et aussi de noblesse, que de s’attacher
avant tout à la perception des intentions archétypiques et célestes des choses.
L’existence des vêtements princiers et sacerdotaux prouve
que le vêtement confère à l’homme une personnalité.
Le vêtement des Indiens des Plaines, brodé de symboles archaïques
et orné de franges évoque à la fois la victoire et la sérénité. Spirituellement
parlant, il s’agit de la victoire sur soi et de la dignité sacerdotale; le
premier élément étant représenté par les broderies, qui « proclament » l’héroïque
et le sacré, et le second, par les franges, qui « bénissent » la terre et le
monde.
Les bras ornés de franges équivalent « magiquement » et
spirituellement aux ailes de l’aigle.
La fonction du tabac est de se sacrifier et de monter vers
le Grand-Esprit.
Le vêtement entier du chef ou du héros suggère l’aigle s’élevant
vers le soleil: la chemise est l’aigle, les manches avec les franges
représentant les ailes; la parure de plume est le soleil. La Danse du Soleil
réalise l’ascension de l’oiseau royal vers l’astre solaire. Quand l’Indien
prie, il étend ses bras vers le haut, comme un oiseau qui prend son essor.
Il y a dans tout art traditionnel deux pôles: le contenu
symbolique dû à l’intellect immanent et la stylisation due à l’âme raciale.
Le vêtement en soi peut représenter ce qui voile, donc l’exotérisme;
mais il s’intériorise et s’« ésotérise » moyennant ses éléments symboliques,
son langage sacerdotal précisément. Dans ce cas, le vêtement représente à son
tour l’âme, donc l’intérieur, le corps ne signifiant alors plus que notre
existence matérielle et terrestre.
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